Historique de la commune de Troistorrents
Les nouveaux venus, beaucoup plus évolués et plus nombreux que les précédents, colonisèrent tout le pays, de la plaine jusqu’aux alpages. Dans la vallée d’Illiez, une tribu celte s’installa : les Nantuates, du mot celte « nantu » signifiant à la fois torrent et vallée. Nantuate voulait donc dire : hommes de la vallée ou hommes des torrents, ou encore de la vallée des torrents. Ils apportèrent avec eux la technique et l’usage du fer qui était encore inconnu des Ligures ; par contre, ceux-ci leur apprirent beaucoup sur le travail des produits laitiers, notamment dans la fabrication du fromage. Ce dernier produit était exporté jusqu’à Rome, où il était considéré comme un luxe.
Ces Nantuates étaient une tribu apparentée aux Helvètes et aux Gaulois ; ils furent les maîtres de la vallée pendant environ un millénaire. Ils nous ont d’ailleurs légué un grand nombre de lieux d’origine celtique. Puis, au premier siècle avant J.-C. les armées romaines conduites par Jules César, envahirent le pays suivies par des colons romains qui s’y établirent, également à Troistorrents.
Contrairement à l’opinion généralement répandue, l’origine du nom ne vient pas des trois torrents, la commune en possède bien davantage, mais des Romains. Sans doute impressionnés par les gorges de la Tine qu’il fallait traverser pour arriver à Troistorrents, ils nommèrent ce lieu Trans Torrentium, c’est-à-dire : au-delà du torrent. Après plusieurs transformations successives, ce nom devint : Troistorrents.
Vers le milieu du 5ème siècle après J.-C., la vallée, comme le reste de la Suisse Romande, fut envahie par les Burgondes, une tribu germanique qui se mêla à la population autochtone. Ils fondèrent les bourgeoisies. De temps à autres cette population mêlée n’hésitait pas à attaquer et à rançonner les caravanes de marchands qui transitaient dans la plaine ou par le Pas de Morgins.
Vers 930 à 950 environ, les Sarrasins, un peuple oriental faisant partie de l’empire arabe qui avait occupé l’Espagne et le sud de la France, firent des incursions répétées dans la région où plusieurs batailles eurent lieu. Certains s’y établirent. Après quoi les Huns (Hongrois) leur succédèrent et semèrent la terreur dans tous le pays.
Du 10ème au 18ème siècle, la peste sévit dans la vallée en plusieurs vagues successives comme dans toute l’Europe. On évalue le nombre de ceux qui y succombèrent aux deux tiers de la population. A titre d’exemple, lors de la peste de 1349, 141 familles s’éteignirent à Troistorrents.
Jusque vers 1250, Troistorrents possédait une chapelle desservie par un chapelain mais faisait encore partie de la paroisse de Collombey.
Après avoir fait partie du royaume de Bourgogne, puis de l’empire carolingien, la commune vécut en paix plusieurs siècles sous la domination des ducs de Savoie. Puis à la suite du Traité de Thonon qui attribua le district de Monthey au Valais en 1569, elle passa sous le joug, plus dur, du Haut-Valais.
Pendant tout ce temps, la vallée était dans une pauvreté parfois proche de la misère et avait beaucoup de peine à nourrir son monde, aussi devait-elle exporter la seule valeur qu’elle possédait, c’est-à-dire le courage des ses habitants. C’est pourquoi, durant des siècles, les jeunes durent s’enrôler dans les régiments valaisans au service des puissances étrangères et versèrent leur sang aux quatre coins de l’Europe.
Quant à la commune, elle se sépara de Monthey en 1787 et constitua, depuis, une commune distincte.
Troistorrents participa à la révolte du Bas-Valais déclenchée par le Gros Bellet contre la domination du Haut. Depuis 1815, il est égal en droits depuis que le Valais fait officiellement partie de la Confédération. Une dernière fois, les gens de Troistorrents versèrent leur sang en participant au Sonderbund, notamment au combat du Trient en 1844.
Vers la fin du 19ème siècle, un grand nombre de familles ou de jeunes hommes, poussés par la pauvreté, émigrèrent vers le Nouveau Monde. Actuellement, au contraire, la commune vit une époque prospère. Au point de vue racial, la population a été constituée par les couches successives des Ligures, des Celtes, des Romains, des Burgondes et d’un peu de Sarrasins et de Huns.
Des Celtes, les habitants de Troistorrents et de la vallée en général, ont hérité de la vivacité de leur esprit, de leur gaieté naturelle et de leur goût pour la musique, le chant et la danse. Des Romains, la langue ; le patois local est d’origine principalement latine. Des Burgondes, les bourgeoisies. Des Ligures et des Sarrasins, on retrouve souvent des traits de physionomie, et peut-être leur sens aiguisé du commerce ! Il est à noter que la vallée était autrefois réputée pour la vigueur et la beauté de ses habitants. En conclusion, on peut dire que le mélange de toutes ces races a formé une population forte au caractère bien trempé et à l’esprit d’indépendance très marqué.
On appelle « Dents du Midi » la chaîne de montagnes visible de chez nous mais aussi de très loin dans la région. Il s’agit d’un nom relativement récent puisqu’il y a à peine cent ans, on les appelait les Dents de Tsallen. Et seule devait s’appeler Dent du Midi notre actuelle Haute Cime.
La paroisse dispose de quatre chapelles. La chapelle de St-André apparaît déjà dans les actes de 1486. La Chapelle du Pas vit le jour le 24 décembre 1652. La chapelle de Chemex fut construite en 1682 par Pierre Carraux. La chapelle de Chenarlier a été bénite le jour de Jeûne Fédéral en 1993. La chapelle de Morgins, qui est à l’heure actuelle une église à part entière, date de 1870. Il y avait aussi une chapelle à Crie. C’est l’endroit où se trouvait anciennement le village de Troistorrents qui fut détruit entièrement par un éboulement de terrain.
Troistorrents s’est constitué en paroisse vers 1270 et l’on trouve au moins trois églises successives élevées sur l’emplacement de l’actuelle. Sainte-Marie-Madeleine renferme trois autels : celui de Sainte-Madeleine, du Rosaire et St-Michel. En 1759, notre église s’est vue dotée de 4 cloches et l’on en rajouta deux autres en 1929. La mention des moulins de la Tine date de 1401. Ils sont situés en contrebas du pont qui arrive à Troistorrents en allant de Monthey à Champéry.